Version long-métrage (126 mn)

 
Printemps 1972. Le Québec est paralysé par la grève du Front commun. Mais c’est à Sept-Îles, loin de Montréal, que l’affrontement atteint son paroxysme.
Dans cette ville industrielle en plein essor, des ouvriers, sous l’impulsion de la FTQ-Construction, prennent le contrôle de la ville après l’arrestation des chefs syndicaux. L’idée d’un pouvoir ouvrier s’esquisse alors, dans une fièvre collective où l’utopie tutoie l’improvisation. 
Jusqu’au choc. Un attentat à la voiture-bélier fauche la vie d’Hermann St-Gelais, jeune travailleur, et referme brutalement la brèche.
Cette révolte marque un tournant historique. Pour la première fois, les secteurs public et privé unissent leurs forces dans une grève qui dépasse les limites de la légalité, accomplissant le vœu longtemps porté par Michel Chartrand.
Mais si cette alliance incarne l’apogée du mouvement syndical québécois, elle révèle aussi une réalité plus trouble. Des tensions émergent, des lignes de fracture apparaissent. Le monde syndical s’impose dans les salles de rédaction, dans les foyers, comme un nouveau pouvoir traversé par ses propres apories — avec ses chefs, ses slogans et ses zones d’ombre.
Au cœur du film, la voix de Jean-Marc Piotte, au crépuscule de sa vie, donne chair à cette bascule. Artisan du concept de syndicalisme de combat, devenu dogme pour une gauche québécoise qui se voulait radicale, il incarne malgré lui le glissement d’une génération bordée d’espoirs vers un réalisme politique modéré. Sa lucidité, empreinte de douceur et de fatigue, révèle tout autant la fragilité des êtres, le poids du temps, et ce qu’il reste de la ferveur lorsqu’elle a tout traversé.
Le printemps 1972 devient un moment de cristallisation : celui des ambitions de la Révolution tranquille, mais aussi de ses contradictions les plus profondes. Entre lutte sociale et émancipation nationale, aspirations révolutionnaires et stratégies modérées, syndicalisme de combat et glissement bureaucratique.

Ces clivages, parfois féroces, traversent les centrales elles-mêmes, minant peu à peu l’unité du mouvement. Et c’est à Sept-Îles, concentré explosif du Québec ouvrier, que la marmite finit par sauter — jusqu’à l’ironie d’une tragédie dont le traumatisme, plus de cinquante ans plus tard, ne trouve toujours aucune expression satisfaisante.
Pouvoir oublier revient sur ce moment suspendu, entre espoir révolutionnaire et retour à l’ordre, où le syndicalisme, porté par la ferveur, a vu ses limites au plus près.
Version long-métrage (126 mn) diffusée en salles en 2025 à la Cinémathèque québécoise, Cinéma Public, Cinéma Beaubien, Cinéma Beaumont, Casa Obscura.

Version télévisuelle (52 mn) diffusée sur Télé-Québec : https://www.telequebec.tv/programmation/pouvoir-oublier
Produit par Bunbury Films: https://www.bunburyfilms.com/pouvoiroublier

Bande-annonce de la version long-métrage (2025)